Introduction

Les premières descriptions de la neutropénie par mutation du gène SRP54 remontent aux travaux des équipes françaises en 2017 et 2018(1,2). Ces mutations ont été initialement décrites chez les patients neutropéniques partageant un phénotype proche du celui du syndrome de Shwachman (neutropénie chronique sévère, insuffisance pancréatique exocrine, retard de croissance statural, retard psychomoteur et anomalies osseuses).
Les mutations concernent une protéine qui s’appelle SRP54 pour ‘Signal Recognition Protein’ type 54. Le Signal Recognition Particle est un complexe qui permet de diriger le polypeptide en cours de formation (produit par le ribosome dans une phase qui s’appelle traduction) vers le reticulum endoplasmique (RE). La mutation du gène SRP54 entrave le transfert normal des protéines vers le RE et modifie la maturation du polynucléaire neutrophile, entraînant par la suite l’apoptose de ce dernier en activant les voies de signalisations intracellulaires spécifiques au stress du reticulum endoplasmique.

Transmission génétique

La neutropénie SRP54 une maladie à transmission autosomique dominante.

Expression hématologique et clinique

On peut schématiquement distinguer 2 expressions de cette maladie génétique.
Expression 1 (environ 2/3 des cas) : une neutropénie chronique et profonde survenant dans les premiers mois de vie avec un arrêt de maturation au stade promyélocytaire, des infections bactériennes sévères ou récurrentes et une atteinte gingivale, SANS atteinte d’autres organes. Cette neutropénie usuellement répond un peu moins bien au GCSF que les patients avec mutation ELANE et il y a une proportion plus forte de formes réfractaires au GCSF décrite ici que dans la neutropénie ELANE.
Expression 2 (environ 1/3 des cas) : en plus de cette neutropénie, des manifestations de la maladie de Shwachman peuvent être présentes, comme l’insuffisance pancréatique externe et des difficultés neuro cognitives, avec des difficultés de socialisation et des difficultés dans les apprentissages.
Fait intéressant, malgré des doses élevées de G-CSF, aucun des patients de la cohorte n’a présenté une hémopathie maligne ou un syndrome myélodysplasique après un suivi médian de 15 ans.

Thérapeutique

Il n’y a pas à ce jour de traitement particulier de la neutropénie SRP54.
Selon l’état infectieux, un traitement prophylactique à base de G-CSF et de triméthoprime/sulfaméthoxazole est indiqué, ainsi que des soins buccodentaires. Les patients réfractaires au GCSF peuvent bénéficier d’une allo greffe de moelle.
Une insuffisance pancréatique exocrine doit être recherchée (élastase fécale élevée, dosage sérique des vitamines liposolubles A, D, E et K (TP)) et, si un déficit est présent, il est important à la fois de proposer un traitement compensateur de l’insuffisance pancréatique (Creon®) et un traitement vitaminique. Les difficultés dans les apprentissages doivent être soutenues par des mesures appropriées comme l’orthophonie, la psychomotricité…
La prise en charge en cas de comorbidités doit être pluridisciplinaire regroupant un gastro-entérologue (pour la substitution des extraits pancréatiques), une endocrinologue (traitement par GH) et un neurologue.

Bibliographie

  1. Carapito R, Konantz M, Paillard C, Miao Z, Pichot A, Leduc MS, et al. Mutations in signal recognition particle SRP54 cause syndromic neutropenia with Shwachman-Diamond-like features. J Clin Invest. 1 nov 2017;127(11):4090‑103.
  2. Bellanné-Chantelot C, Schmaltz-Panneau B, Marty C, Fenneteau O, Callebaut I, Clauin S, et al. Mutations in the SRP54 gene cause severe congenital neutropenia as well as Shwachman-Diamond-like syndrome. Blood. 20 2018;132(12):1318‑31.
  3. Oyarbide U, Corey SJ. SRP54 and a need for a new neutropenia nosology. Blood. 20 2018;132(12):1220‑2.