Introduction

Le syndrome de Cohen a été décrit pour la première fois par M. Michael Cohen Jr. en 1973 chez deux frères et sœurs affectés et un cas isolé[1]. Depuis lors, plus de 100 cas de syndrome de Cohen ont été décrits, dont 35 en Finlande, où la maladie a montré une plus grande homogénéité. Les syndromes de Cohen semblent être plus hétérogènes avec une grande variabilité phénotypique en dehors de la cohorte finlandaise représentant l’hétérogénéité au sein du même syndrome.
Le syndrome de Cohen (OMIM 216550) est dû à une mutation autosomique récessive/biallélique du gène VPS13B (anciennement appelé COH1) sur le chromosome 8q22.2[2]. Le VPS13B (OMIM 607 817) est une protéine transmembranaire impliquée dans le transport intracellulaire des protéines et le tri vésiculaire antro- et rétrograde entre le compartiment prévacuolaire et le réseau Trans Golgi.[3]

Transmission génétique

Le syndrome de Cohen est transmis sur un mode autosomique récessif.
Les parents d’un enfant malade sont hétérozygotes (c’est-à-dire porteurs sains d’un variant pathogène du VPS13B). Les hétérozygotes (porteurs) sont asymptomatiques et ne risquent pas de développer la maladie.
Quant à la fratrie de l’enfant atteint : chaque frère/sœur d’un individu atteint ont 25% de risque d’être affectés, 50% de chances d’être porteur asymptomatique et 25% de chances de n’être ni affecté ni porteur.
Les descendants d’un individu atteint du syndrome de Cohen sont obligatoirement hétérozygotes (porteurs sains).

Expression hématologique et clinique

La présentation clinique du syndrome de Cohen est variable. Elle comprend une dystrophie rétinochoroïdienne progressive, une myopie, une microcéphalie, un retard de développement, une hypotonie, une laxité articulaire, des traits faciaux caractéristiques, une obésité tronculaire, et une neutropénie(5).
Des traits faciaux distinctifs ont été décrits dans différentes populations. Les caractéristiques comprennent un faciès hypotonique, des cheveux épais, une racine des cheveux basse, des paupières arquées et en forme de vague, des cils longs et épais, des sourcils épais, une racine nasale proéminente, un palais haut et étroit, un philtrum lisse ou court et des incisives centrales supérieures proéminentes. Les deux derniers ensembles donnent un aspect bouche ouverte(6).
Sur le plan hématologique, la neutropénie est légère à modérée, et permanente (non cyclique) Des infections récurrentes ont été décrites chez des individus affectés. Plus de 65% des personnes touchées souffrent d’aphtes buccaux récurrents et d’infections gingivales. L’étiologie de la neutropénie reste floue. L’examen de la moelle osseuse a montré une moelle normocellulaire ou hypercellulaire, avec une granulopoïèse décalée vers la gauche (un blocage de maturation de la lignée granulocytaire) chez environ la moitié des personnes atteintes. Aucune hémopathie maligne n’a été signalée.

La fréquence et la gravité des infections chez les personnes atteintes du syndrome de Cohen semblent être faiblement corrélées avec le chiffre absolu des neutrophiles (ANC). Une augmentation de la capacité d’adhésion des neutrophiles a été rapportée chez un individu atteint du syndrome de Cohen. L’atteinte stomatologique est la plus fréquente des atteintes.

Thérapeutique

Les problèmes ophtalmologiques sont parmi les plus préoccupants pour les familles de personnes atteintes du syndrome de Cohen.
La gestion de ces comorbidités comprend : un suivi ophtalmologique régulier (correction des troubles réfractaires, dépistage précoce de la dystrophie rétinienne), une intervention précoce en orthophonie et en psychomotricité afin de traiter le retard de développement psychomoteur, l’hypotonie, et l’hyperlaxité articulaire.
Le traitement de la neutropénie et des manifestations buccales se basent sur l’utilisation du facteur de croissance granulocytaire (G-CSF) et une antibioprophylaxie à type de Triméthoprime/sulfamethoxazole. Les infections récurrentes doivent être traitées par un traitement standard.
Le soutien psychosocial aux personnes touchées et à leurs familles garde une place primordiale dans leur prise en charge et leur suivi.

Bibliographie

  1. Cohen MM, Jr., Hall BD, Smith DW, Graham CB, Lampert KJ. A new syndrome with hypotonia, obesity, mental deficiency, and facial, oral, ocular, and limb anomalies. J Pediatr 1973;83:280-4.
  2. Kolehmainen J, Black GC, Saarinen A, Chandler K, Clayton-Smith J, Traskelin AL, et al. Cohen syndrome is caused by mutations in a novel gene, COH1, encoding a transmembrane protein with a presumed role in vesicle-mediated sorting and intracellular protein transport. Am J Hum Genet 2003;72:1359-69.
  3. Duplomb L, Duvet S, Picot D, Jego G, El Chehadeh-Djebbar S, Marle N, et al. Cohen syndrome is associated with major glycosylation defects. Hum Mol Genet 2014;23:2391-9.